Président Gérard MIRMAND : nous sommes au premier tiers de la saison, les résultats ne sont pas à la hauteur des objectifs annoncés puisque nous en sommes à 6 défaites pour 4 victoires et aucune à l’extérieur.

Que pouvez-vous en dire ?

C’est clair nous n’y sommes pas. Je rappelle qu’ils sont ceux de l’ensemble du club (dirigeants, staff et joueurs) et pas seulement du Président : « finir sur le podium et aucune défaite à la maison ». On n’y est pas.

C’était un slogan qui vous a été reproché et repris dans les critiques.

Comme toujours à la JL, nous nous devons d’avoir des objectifs élevés. On ne va pas faire du Guy Roux et dire « on va jouer le maintien ». Nous avons trois saisons d’expérience de la Pro B, au cours desquelles nous avons toujours joué le haut du tableau. Aucun élément objectif : budget global, budget joueurs qui donne des moyens de constituer une équipe compétitive du haut de tableau, ne pouvait donner à penser à cette situation. Après que c’est-il passé ? Plusieurs choses : l’axe fort du basket moderne aujourd’hui, est l’axe 1-5. Nous avons fait un choix de meneur (Tristan Blackwood, ndlr), probablement un bon scoreur mais pas le patron qu’on attendait, nous ne l’avons pas conservé. Le pivot, David (Monds) a été blessé ; le pigiste (Josiah James) n’a pas fait la préparation d’avant saison avec nous, même si il a fait une bonne pige. Nous savons que le basket est une alchimie complexe. Donc l’axe 1-5 n’a pas fonctionné à la hauteur de nos attentes.

PDF Sur cet axe 1-5, Fabrice Courcier avait bien défini le profil du meneur qu’il souhaitait avoir : un organisateur. N’y a-t-il pas une responsabilité des agents qui n’apportent pas la réponse à la demande du coach et des personnes chargées du recrutement ?

Oui, un peu, mais la responsabilité, elle est celle du club avant tout. Quand vous recrutez un joueur, vous ne vous en tenez pas exclusivement au C.V, aux vidéos et aux commentaires que peuvent vous faire l’agent, vous faîtes du scouting, un travail de renseignements : où il a joué, contre qui, avec qui, quel était son coach, ça permet d’avoir un certain nombre d’informations pour prendre une décision. (Tristan) Blackwood n’était pas le patron attendu. Après couper un joueur, ça ne se fait pas aussi facilement, il y a des aspects budgétaires à prendre en compte.
Nous avons signé Parfait Bitée dans le cadre d’un accord global avec son agent qui était celui de Blackwood. Parfait Bitée paraissait correspondre au profil recherché. Et en fait, il ne l’avait pas. Et j’en porte la responsabilité avec le staff.

PDFNous venons de prendre la décision d’en changer. C’est le troisième qui est arrivé (Dean Oliver), nous avons eu plus le temps de scouter, de s’informer. On a eu des contacts directs notamment avec Frédéric Sarre, Jim Bilba qui l’ont joué dans les coupes européennes. On a un peu plus de garanties.

Il va avoir une certaine pression en arrivant après 10 matchs, une période d’adaptation, lui au jeu et les autres joueurs à son jeu. On est assez pressé d’avoir des résultats maintenant.

C’est clair qu’il y a une certaine urgence d’obtenir des victoires, mais elles ne décrètent pas dans un bureau elles se gagnent sur le parquet. Jusqu’à la trêve le 22 décembre, nous avons 3 matchs à l’extérieur qui sont particulièrement difficiles : Boulazac, Evreux et Dijon. Nous n’allons pas nous mettre de pression excessive en disant « il faut gagner à l’extérieur et on n’est pas bon parce qu’on ne gagne pas à l’extérieur ». Nous allons quand même jouer les trois équipes qui ont les masses budgétaires les plus élevées du championnat. Bien sûr nous sommes des sportifs et nous n’y allons pas pour perdre. Nous y allons pour gagner. Ils ont aussi des rosters qui sont solides.

Pour en revenir au bilan.

Là où nous avons déjoué, ce sont les 2 défaites contre les promus (Boulogne sur Mer et Chalons en Champagne-Reims) et aussi celle de Quimper (dernier)

Et la défaite la maison contre Lille.

Cette défaite nous a fait très mal, ainsi que les défaites de très peu, de 2, 4 points (en réalité -6 contre Lille, -7 à Boulogne et Quimper, ndlr). Nous ne pouvons pas rester dans le ventre mou du championnat comme nous le sommes actuellement, il faut progressivement remonter mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut être conscient de nos forces et de nos faiblesses. Aujourd’hui je reconsidère que notre équipe est reconstruite par l’arrivée du meneur et l’axe 1-5. David reprend du rythme bien qu’il ait fait un match moyen au Portel.

En dehors du recrutement quelle raison voyez-vous ?

La deuxième raison de notre situation est qu’aujourd’hui le championnat de proB est beaucoup plus dense, que les saisons précédentes. Aujourd’hui, nous sommes sept à la 9e place, à trois matchs du 3e et il reste 24 matchs à jouer. A cet instant, le premier objectif est de rentrer et s’installer dans les huit, ensuite de remonter pour être le plus haut possible pour jouer les play-offs, dans les quatre premiers, c’est mon souhait.
La troisième raison, nous jouons avec dix joueurs, Fabrice (Courcier) implique et fait confiance à tous. Aujourd’hui on se rend compte qu’un certain nombre d’équipes jouent à six ou sept, sur la durée d’une saison, les choix de Fabrice doivent être payants. Je regarde les temps de jeu des autres équipes. Chez nous, celui qui a le maximum de temps de jeu tangente les 30 minutes (Daniel Coleman, 303 min en 10 matchs, ndlr). On voit par exemple Justin Ingram, qui a laissé de bons souvenirs à Bourg, joue 40 minutes (379 min en 10 matchs). Donc je pense que sur la durée notre banc va payer.

On a vu qu’au Portel, le coach n’a pas hésité à faire jouer Jérôme Sanchez et Octavio Da Silveira parce que son cinq majeur ne lui donnait pas satisfaction.

D’une part et d’autre part c’est la philosophie du club de faire jouer et d’impliquer tout le monde parce que si vous n’impliquez pas les jeunes et les laissez sur le banc, la saison est longue et ça ne sert à rien de faire signer des jeunes en premier contrat pro, pour les laisser sur le banc. Quand l’opportunité s’ouvre, ils ont du temps de jeu : Octavio a eu 23 minutes contre Charleville et Jérôme avait eu aussi 21 minutes contre Boulogne puis autrement toujours 5 à 10 minutes. Pour des jeunes, c’est bien.

En conclusion.

La mayonnaise n’a pas tout à fait prise mais l’esprit de l’équipe n’est pas à remettre en cause. C’est vrai qu’il y a des moments, les joueurs manquent d’intensité, manquent de dureté parce que ce ne sont pas des méchants. J’aimerais qu’ils soient un peu plus « tueurs » parce qu’en sport il y a des moments où il faut bouffer l’adversaire, ils sont peut-être un peu trop gentils.

Est-ce que c’est un choix de ne pas avoir de joueurs plus hargneux et plus difficilement gérables par rapport à des joueurs plus faciles ?

Quand on a fait le bilan de l’année dernière, on s’est dit on a une équipe « trop gentille », il faut constituer une équipe avec plus de dureté. Et puis après ce sont les aléas du recrutement. . Toutefois, certains répondent présent : Angelo (Tsagarakis) par exemple.

C’est un regret ?

Beaucoup de monde regrette l’équipe de l’année dernière. Mais il faut aussi se souvenir qu’il y avait des joueurs décriés. Par exemple : pourquoi ne pas avoir gardé Mullins ? C’est un super défenseur, un des meilleurs meneurs défenseurs de proB mais il ne marquait pas suffisamment de points …. nous disait-on (9,3 pts, 5,8 passes, ndlr). Et, il y a des cycles. Quand vous avez des joueurs depuis trois ans, ils ont besoin d’avoir de nouveaux challenges. C’est quand même une vie particulière, concentrée sur le basket : dans une ville, dans un club. Un jour il trouve le besoin d’ »aller goûter l’herbe, toujours plus verte ailleurs ». L’équipe de cette année est constituée de bons joueurs. Nous le voyons bien certaines équipes du haut de tableau commencent à avoir des problèmes, il n’y a qu’un ballon pour jouer……. Moi je garde ma confiance au coach, au staff, bien évidemment aux joueurs. Il faut absolument que nous retenions les leçons de nos échecs : nous n’avons pas gagné de match à l’extérieur depuis le mois de février.

Comment casser cette psychose de match extérieur ?

Nous avons les joueurs qui permettraient de le faire. Et moi je compte beaucoup sur Dean Oliver qui devrait dynamiser ça. Faire jouer l’équipe, c’est pour cela qu’il est venu.

Dans l’axe 1-5, on a beaucoup parlé du meneur. Mais il y a le poste 5, David Monds. On n’a pas l’impression qu’il est au niveau des espérances qu’on a mis en lui ?

Je n’irais pas jusque-là. C’est vrai que nous attendons toujours plus, quelque soit le joueur. Il lui a fallut s’habituer au Championnat Français de Pro B. Il a joué en Grèce 1° Division – un gros championnat. Il a fait les camps NBA sans être conservé au dernier moment. C’est un très bon joueur. Il faut qu’il soit un peu plus concerné par l’équipe, par l’obligation de résultat et la dureté de la Pro B.

Est-ce qu’il a été un peu démotivé du fait de sa non-accession en NBA ?

Non car c’était en 2009. C’est une bonne personne mais j’aimerais bien qu’il le soit moins …. Nous attendons plus de lui.

Pour en terminer de ce long entretien, est-ce que les critiques, même dans l’environnement du club, ne sont pas dures à entendre et parfois injustifiées ?

C’est la règle du jeu. Je ne vais pas empêcher les supporters d’avoir des opinions. Bien sûr les critiques font parfois mal, nous donnons toujours le maximum toute la semaine pour le bien du club, pour donner du plaisir à nos supporters. Les critiques sont parfois excessives, elles font partie des usages, c’est très français, elles peuvent aussi faire avancer les choses, il nous faut savoir en retirer la quintessence. Il ne faut pas toutefois en abuser, décourager les dirigeants et les gens qui travaillent.
C’est sûr, on n’est pas à notre niveau, nous sommes bien conscients qu’il nous faut remonter dans le classement nous y travaillons, chaque jour. Soyons collectivement confiants, soutenons notre équipe.