Comment as-tu vécu la saison 2012-2013 ?
C’est une saison mitigée car début avril tout le monde pensait qu’elle était ratée et finalement nous nous sommes qualifiés pour les Play-Offs… Nous pouvons être « plutôt satisfaits » du travail accompli collectivement !

Ton arrivée à la JL Bourg. Donnes-moi 3 mots pour en parler…
Expérience = C’est une bonne expérience d’être revenu en France pour moi et ma famille !
Découverte = J’ai découvert pleins de choses en arrivant sur Bourg-en-Bresse : le poulet de Bresse, la pluie…
Stress = Quitter l’Espagne pour revenir vivre en France n’a pas été de tout repos. Il a fallu se faire un « chez nous » très vite avec ma femme et mes enfants.

Sur l’ensemble de la saison, comment expliques-tu que les résultats soient si différents à la maison et à l’extérieur ?
Notre gros avantage par rapport aux autres équipes, c’est qu’à domicile, on se sent vraiment porté par le public… Ça permet aux joueurs de se transcender ! Le problème à l’extérieur c’est que nous ne retrouvions pas ce facteur qui permet d’être à 110%.

Est-ce un problème de motivation ?
Non, c’est plutôt un problème de préparation mentale. Ce n’est pas un manque d’envie mais plutôt un mal-être dans la tête… Au lieu de se révolter on a subit !

Sur la fin de saison (victoire à Boulogne + ¼ de finale Play-Offs contre Pau Orthez) on a senti que la JL Bourg avait passé un « cap »… Penses-tu que la mise à l’écart de David MONDS a constitué un déclic ?
Je pense qu’à chaque fois que l’on enlève un joueur cela ressoude le collectif. Avec la mise à l’écart de David, chaque joueur a fait un pas en avant pour palier son départ, notamment Antoine et Alexis qui ont dû avoir plus d’impact dans le jeu intérieur !

Cette élimination en ¼ de finale Play-Offs contre Pau Orthez (en 3 manches) te laisses t’elle des regrets ?
Oui, parce que nous n’étions vraiment pas loin. À 1 minute de la fin on était encore seulement à -4pts. Cela se joue sur des détails, quelques erreurs, et c’est rageant d’être passé si prêt !

Avant de rejoindre Bourg-en-Bresse, tu as passé 12 ans en Espagne dont tes 4 dernières années au CB Valladolid… Parles-nous un peu de ce club…
C’est un petit club dans une situation financière délicate, qui est au bord de la disparition depuis 4 ans. Mais c’est le club le plus historique de l’ACB ! Il existe depuis la création du championnat. J’y ai vécu les plus belles années de ma carrière. Je m’y sentais comme chez moi !

Aujourd’hui tu fais parti des meilleurs passeurs de Pro B… Comment as-tu travaillé pour développer ta qualité de passe et ta lecture de jeu (notamment sur pick and roll) afin d’atteindre ce niveau là ?
La lecture de jeu se développe avec les années. Au début tu as beaucoup de jambes donc tu utilises moins ta tête. Puis avec les années tu as moins de jambes donc tu utilises plus ta tête !
En Espagne, il y a cette « culture basket » où tu travailles beaucoup le jeu de passes, de façon journalière. J’ai toujours privilégié la passe au shoot. C’est une mentalité qui a tendance à se perdre !

Au cours de ta carrière, quel est le coach qui t’as le plus impressionné ?
J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de bons entraineurs dans ma carrière.
Dusko IVANOVIC (1999-2000 : CSP Limoges – Pro A : Vainqueur du Championnat de France, de la Coupe de France et de la Coupe KORAC) était le plus dur ! Il en demandait toujours plus, il fallait toujours être à 120%. Il simplifiait également beaucoup le jeu pour les joueurs, nous avions tous une tâche bien précise.
Aíto GARCÍA RENESES (2003-2004 : Joventut Badalona) surnommé « le professeur ». Il a entrainé au FC Barcelone pendant près de 15 ans ! C’était un entraineur dur « mentalement ». Avec lui, tout devait se faire avec précision, dans le détail, aussi bien collectivement que individuellement.
Et puis j’ai eu d’autres bons entraineurs également : Bogdan TANJEVIC et Božidar MALJKOVIC qui étaient durs et Michel GOMEZ qui faisait des entraînements hyper long (parfois 6h00).
Tous les entraîneurs que j’ai eus m’ont apporté quelque chose dans ma carrière, mais si je ne devais en retenir que 2 ce serait Dusko IVANOVIC et Aíto GARCIA !

Après avoir joué en France et en Espagne, si tu compares les 2 pays, quelle serait ta hiérarchie en terme de niveau de jeu, d’organisation et de spectacle ?
Le niveau de jeu est beaucoup plus élevé en Espagne en ce qui concerne les fondamentaux du basket, parce qu’il y a cette « culture basket » que je ne trouve pas en France, ni dans la connaissance, ni dans la reconnaissance des situations ! Je pense qu’en France ce qui porte préjudice c’est le trop de qualité athlétique !!!
Au niveau de l’organisation du club (prise en charge des joueurs, staff,… ) cela ressemble à ce que j’ai connu en Espagne.
En terme de spectacle, je trouve qu’à la JL Bourg on a beaucoup de spectacle, beaucoup d’animations, beaucoup d’ambiance. Cette petite salle de Bourg est très particulière, c’est quelque chose de rare !

Que penses-tu du travail des agents ?
Ils font leur boulot, ils cherchent le meilleur contrat, les meilleures conditions possibles pour les joueurs.
C’est un métier intéressant, tu proposes des solutions à des entraineurs qui cherchent des joueurs particuliers, tu es dans le monde du sport, il faut bien connaître la discipline !

Il te reste encore 2 ans de contrat avec la JL Bourg… On a parlé d’une éventuelle opération des genoux cette saison, mais finalement tu as tenu ta place jusqu’à l’élimination en Play Offs… Qu’en est-il pour la saison prochaine ?
Même si je me sens moins bien physiquement, j’ai toujours envie de profiter et de jouer.

Quels conseils donnerais-tu au jeune meneur de jeu ?
Il faut s’intéresser au basket ! Cela veut dire regarder le basket à la TV (surtout l’Euroleague et la Pro A, pas trop la NBA). Il faut beaucoup s’entraîner, travailler les fondamentaux, c’est ce qui permet de progresser en tant que joueur, même si ce n’est pas très rigolo. Il faut toujours penser à l’équipe avant de penser à soi-même !

Propos recueillis par Romain Bénaud