Présent lors des Rencontres du Leadership le 7 mars à Ekinox, l’ancien volleyeur international français Laurent Chambertin s’est confié à notre micro. Il nous raconte son parcours, sa reconversion et son affiliation avec le leadership.

Bonjour Laurent, pour commencer est-ce que vous pouvez vous présenter ?
« Bonjour, tout d’abord, j’aime me présenter comme étant un métisse: ma mère est bourguignonne et mon père martiniquais.
Cette mixité a nourri et façonné ma personnalité. Quand on est métisse , on s’inspire de deux cultures, on se construit de manière plus spécifique, ce qui est, à mon sens, plus riche.
Je suis très fier de ces racines que je n’ai jamais vécues comme un fardeau, même si j’ai connu des moments de « racisme ordinaire », j’ai réussi à rester respectueux de l’Être Humain, positif et toujours aller de l’avant.  »

Il me semble que vous avez un attachement à la région non ?
« Oui, j’ai grandi à Villefranche-sur-Saône, donc on allait à Bourg se promener souvent avec mes parents, je connais bien l’endroit, d’ailleurs mes parents habitent toujours la région.
En seconde, au moment de choisir mon orientation, je me suis dirigé vers la seconde « option sport » du lycée Carriat.  J’y ai vécu une super année et ce souvenir est ancré à jamais dans ma mémoire. Ensuite je suis parti à Lyon, finir mes études et mes années d’apprentissage. »

Pour en revenir au sportif, comment a débuté votre carrière? Comment fait-on pour être au top sur la durée?
« J’ai commencé en étant cadet, puis junior à l’ASULyon et ensuite , j’ai signé mon premier contrat pro à 19 ans à Grenoble.
Mais ma carrière a vraiment pris un tournant quand j’ai été sélectionné en équipe de France. Ça a vraiment été un moment clé. Deux ans après mon premier contrat professionnel, j’étais international, c’était en 1987 et je me suis réellement senti boosté. Ce fut le départ d’une longue et belle carrière de 20 ans.
Pour durer dans la performance, il m’a fallu beaucoup de détermination, d’abnégation et d’humilité pour rester  au top niveau de ma discipline. Il a fallu, sans cesse , que je façonne mon quotidien, d’efforts, d’ouverture, d’écoute, d’adaptation . Cette attitude a finalement forgé l’homme que je suis aujourd’hui. »

Comment avez-vous découvert ce sport ? Est-ce que ça a été difficile au début ?
« Au tout début, j’ai fait beaucoup de sports différents et notamment du foot que j’ai pratiqué à haut niveau dans les catégories de jeune. Ensuite j’ai découvert le volley au collège, comme beaucoup de jeunes au final.
C’est vraiment dans le volley que j’ai senti que je pouvais m’épanouir, y trouver les vraies valeurs qui me correspondaient et que je n’avais pas forcément retrouvées dans d’autres sports.
Je me suis lancé dans le sport de haut niveau à l’âge de 15/16 ans: j‘ai  fait partie d’une génération où l’on partait à l’aventure, on ne savait pas où on allait. Le sport professionnel représentait, dans un sport mineur comme le volleyball, une véritable inconnueÀ cette époque, on avait une volonté farouche, une forte envie et une réelle ambition de réussir: on voulait tout simplement être les meilleurs de notre discipline !

D’un point de vue plus personnel, je me suis lancé ce challenge: être le meilleur et vivre de ma passion. Vraiment, on m’a traité de fou furieux lorsque j’ai décidé de devenir pro, mais j’ai tenu bon, j’ai cru en moi, au travail que j’allais fournir pour me hisser au plus haut niveau. En France c’était très difficile compte tenu de l’absence de culture, mais en Europe, en Italie notamment, le volleyball était déjà très développé donc, je savais que tout était possible et qu’en m’en donnant les moyens je pouvais réussir. »

Sur votre carrière, quels ont été les grands moments ?
« Eh bien j’ai eu plusieurs grands moments dans ma carrière et pas seulement des moments liés à des titres.
Déjà, quand je me suis senti capable de vraiment faire quelque chose, c’était lors de ma deuxième année pro à Grenoble, jétais passeur remplaçant et on faisait appel à moi «qu’en cas d‘ultime besoin ».
À cette époque, il existait une grosse rivalité entre Grenoble et Fréjus pour le Titre et lorsqu’on les a affrontés cette année-là j’ai été déterminant dans la victoire de mon équipe.
J’ai eu un gain de confiance à la suite de ça, j’ai eu des certitudes, j’étais sur le bon chemin: ça m’a motivé et donné une vraie envie de réussir même si ensuite, j’ai dû continuer à travailler doublement !! 

J’ai donc continué ma carrière en engrangeant de l’expérience dans ce rôle de remplaçant et en 1989, j’ai signé à Cannes pour être numéro 1 et leader à mon poste.
Dès la première saison, on finit premier et on bat Fréjus l’éternelle grosse écurie du championnat: à ce moment-là je change de rôle, je prends conscience de mon statut en devenant Champion de France. C’est le deuxième grand évènement de ma carrière !

Le troisième événement marquant de ma carrière sont les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 !  Comme tout sportif, on rêve de participer aux JO. Mais malheureusement, ce rêve a tourné au cauchemar, car nous sommes tombés dans le piège: on avait des étoiles plein les yeux et on est passé totalement à côté de la compétition
Ça a donc été à la fois un bonheur indescriptible, mais également, une énorme frustration d’un point de vue sportif.  De plus, je n’ai jamais pu regoûter à la compétition olympique, car l’équipe de France ne s’est plus qualifiée et a manqué les éditions 1996 et 2000. J’ai beaucoup appris de cette expérience, elle m’aide au quotidien à garder l’humilité et la vigilance pour rester focus et prioriser l’essentiel.

Enfin il y a eu mon passage à Ravenne en Italie. Il faut savoir que l’objectif de tous volleyeurs est d’aller jouer en Italie, l’équivalent de la NBA au basket. Je suis donc parti jouer là-bas 3 saisons. Trois années de vie intense soldée par cette victoire en Coupe d’Europe qui a fait de moi, le 1er volleyeur français à remporter ce trophée en Italie. Je faisais office de « papy », j’étais qu’avec des jeunes d’une 20aine d’année, je jouais un vrai rôle de leader. Je n’étais pas capitaine, mais j’avais un statut important dans la cohésion d’équipe, le coach me faisait confiance là-dessus.
Ça m’a également forgé et ouvert cette porte du management.

Sur la fin de ma carrière, j’ai également eu des moments forts, dont mon passage à Poitiers, qui était une grande ville de volley: 3500 spectateurs à chaque match, c’était vraiment exceptionnel, l’ambiance était énorme. J’ai passé quatre très belles années là-bas où j’ai gagné un titre et une coupe de France. »

Avec une telle carrière, comment prépare-t-on l’après?
« Pendant les cinq dernières années de ma carrière, j’ai réfléchi à ma reconversion. J’avais beaucoup d’idées et ce fut difficile de trouver une orientation concrète: j’ai alors choisi l’ouverture et la polyvalence.
Afin de valider mes compétences, j’ai été à l’université et validé un master en management des organisations. C’est cette filière qui m’attirait: j’avais été capitaine et passeur leader, le management était cohérent et logique pour moi.

À l’issue de cette formation, j’ai participé au développement d’un club local qui jouait en National et ensemble, nous nous sommes hissés au niveau professionnel. Ça a été ma première expérience professionnelle même si j’avais une double casquette, car j’étais également coach de l’équipe.
Ce fut une première expérience de management de projet très constructive. Analyser, programmer, prioriser, organiser, communiquer: j’ai beaucoup appris de cette période, une expérience très riche pour mon futur.

Ensuite je suis parti, dans le tourisme: j’ai été le directeur d’une infrastructure de la station de Tignes: l’objectif était d’offrir une offre de produits complémentaires au business du ski resort: le centre pluridisciplinaire proposait des séminaires, des stages en station, des concerts et toutes formes d’événements. J’ai donc lancé l’exploitation dans sa globalité après avoir effectué 6 mois d’étude en amont de l’ouverture.
Ce poste m’a permis de m’épanouir dans le management de projet, d’affirmer mon style et ma méthode managériale. J’ai appris de tous les corps de métier, je suis rentré dans l’opérationnel, les appels d’offres, les budgets… Concrètement je me suis nourri de tout cela pendant 18 mois. L’aventure s’est malheureusement terminée  car des changements stratégiques se sont opérés suite aux élections municipales 2014…
À l’issue de cette expérience, j’ai décidé de devenir indépendant et de me mettre au service des gens, de les accompagner dans leurs problématiques de vie, dans leurs problématiques managériales, accompagner le changement , les évolutions dans l’entreprise…

Pour cela je me suis une nouvelle fois formé pour valider les compétences requises et obtenir le titre de coach certifié pour aujourd’hui, proposer une offre complète d’accompagnement qui m’ouvre de nouvelles perspectives. »

 

Avec votre expérience et maintenant votre reconversion, j’imagine que vous voyez une réelle similitude entre le leadership dans le sport et dans l’entreprise ?
« Oui, le leadership est un des curseurs que je développe dans mon activité. Cette posture nécessaire pour impliquer les équipes, pour porter au mieux les projets. Partager cette valeur et ce levier afin de mieux comprendre la dynamique qui s’opère dans le sport collectif et pour garantir l’épanouissement individuel. J’aime parler du sport dans ces termes-là. Mais il y a beaucoup d’autres sujets.

J’ai aujourd’hui un regard avisé sur le monde de l’entreprise et mon objectif est d’accompagner ces entreprises et leurs managers dans leurs problématiques de management.
Je pense que le monde de l’entreprise et le monde du sport peuvent s’apporter mutuellement dans la recherche de solutions structurantes.
Clairement, on ne peut pas être bon partout: reconnaître qu’on a besoin d’aide n’est pas honteux et aujourd’hui j’accompagne les managers qui se posent les bonnes questions et qui ont besoin d’aide.
Ils ne sont pas forcément tout le temps en « non-réussite » mais, dans la plupart des cas, je les aide à évoluer, à franchir des caps de non-compréhension pour se remettre en action et révéler tout le potentiel qu’ils ont en eux.

C’est grâce à mon parcours que je peux prendre cette posture et incarner ce rôle, car effectivement, je me rends bien compte du lien qui existe entre le leadership du manager sportif et celui de l’entreprise. »


Pour entendre encore plus l’avis de Laurent Chambertin sur la thématique du Leadership, n’hésitez pas à venir assister aux tables rondes le 7 mars !
Inscriptions et renseignements : assist.com@jlbourg-basket.com ou 06.27.41.07.84