Après plusieurs semaines de réflexion autour de la fin de saison 2019/2020 et des circonstances de reprise pour le prochain exercice, Julien Desbottes s’adresse à nous dans un long entretien sur les décisions prises ces derniers jours, l’envie de rejoindre l’Europe, la situation du club et le visage du futur effectif.

Dans cette première partie, le président de la JL Bourg Basket, Julien Desbottes, effectue le bilan de la saison 2019/2020 écourtée par la pandémie du Covid-19. Le temps ainsi de revenir sur une saison historique pour la formation burgienne qui devrait ainsi lui ouvrir les portes d’une première qualification pour une Coupe d’Europe.

Président, tout d’abord, comment allez-vous après cette longue période d’arrêt pour le basket ?

Je vais aussi bien que possible compte tenu des circonstances parce qu’on n’a pas de proche ou très proche du club qui ont été à ma connaissance touchées gravement par la Covid-19 donc ça c’est essentiel. Évidemment, le sel des matchs de basket me manque terriblement et je pense que je ne suis pas le seul dans ce cas-là car c’est une frustration partagée par tout le monde. Le temps est long surtout que l’horizon est encore lointain pour une reprise. Même si on peut reprendre dans les délais habituels ça mène de suite à fin septembre et cela montre les émotions. Mon sentiment est qu’il y a un grand vide au sujet du basket puisqu’on sait que cette adrénaline nous anime, nous fait avancer, nous fait vivre, animer des débats, des repas, des échanges. C’est long sans basket et sans JL.

Cela n’a pas été trop compliqué à gérer notamment au niveau de l’organisation administrative ?

On s’est vu avant l’annonce officiel du confinement pour se dire qu’on serait tous amené à rester chez nous. J’ai averti les sportifs qu’ils seraient en arrêt total d’activité puisqu’il fallait protéger nos salariés au niveau sanitaire puis au niveau économique. Pour ce second cas, il fallait absolument recourir au dispositif d’aide de l’état, en l’occurrence le chômage partiel.
Par ailleurs, ce qu’on a décidé au niveau du club avec Didier Lamy, c’est de maintenir en totalité les salaires de nos équipes, que ça soit celle du terrain et celle hors-terrain, considérant que 80 % de la saison avait été jouée et qu’à ce titre, le travail avait été fait. On a été cinquième, le meilleur classement historique du club donc je voulais finir aussi proprement possible cette période. À ma connaissance, il y a seulement trois clubs en France qui ont fait ça donc on a pris l’engagement envers tout le monde de ne pas les pénaliser et de compléter l’indemnité d’Etat par les réserves historiques de notre club et la qualité de ce qui avait été fait.

"Ce qui m'importait : pas de saison blanche"

Pour commencer, quelle est votre sentiment après la décision de l’Assemblée Générale de la Ligue Nationale de Basket ?

Je dirais encéphalogramme plat. C’est la montagne qui accouche d’une souris. Franchement c’était très bien qu’il y ait quand même des échanges et des débats. On voit que le foot qui a décidé un peu plus tôt que nous, potentiellement regrette. Dans cette période de trouble, on n’avait pas d’intérêt à se précipiter dans la décision. Je suis absolument solidaire du process qui a été décidé par la ligue avec des commissions qui ont été créées avec beaucoup d’échanges, d’initiatives, d’idées. La difficulté a été que les circonstances autour desquelles on a voté mercredi sont aujourd’hui un peu plus précise qu’il y a deux mois.
Nous avions proposé de fusionner deux saisons et de jouer les neufs matchs qui restaient avec au final un classement global sur deux saisons. Au départ, franchement, il y a eu un écho très positif de tous les clubs qui comme nous sont attachés à leurs abonnés, partenaires et donc voulaient absolument leur rendre la prestation qu’ils avaient payée. Moi j’estime que même si on n’a pas été responsable de ce qui s’est passé, ce n’est pas non plus à eux d’en subir les conséquences financières. Ces gens là nous donnent de l’argent donc c’est important qu’on les respecte et les considère, et de leur dire que soit on joue les matchs, soit on leur doit. Néanmoins, cette hypothèse là est devenue avec le temps trop aléatoire puisqu’on a appris ensuite qu’il allait être compliqué de reprendre même début septembre et donc, la décision qui a été prise a été celle du statu quo. Elle a le mérite de faire peu de déçu, peu de frustré, si ce n’est Blois, mais le basket français, avec tout le respect que j’ai pour Blois et son président que j’apprécie, ne s’organise pas non plus autour d’un seul club. Ça fait un déçu mais il n’avait pas complétement mérité son accession (ndlr : cette année, une seule montée était effective en Pro B à l’issue des Play-offs d’accession), donc en fait il n’y a pas de légitimité absolue pour lui de monter et puis deux heureux repêchés que sont Le Portel et Poitiers qui eux profitent d’un effet d’aubaine autour de ce Covid parce qu’ils étaient quasiment condamnés. Tant mieux pour eux. Ce qui m’importait surtout, et c’est l’essentiel, c’est qu’il n’y ait pas de champion de France et pas de saison blanche, contrairement à ce qu’on lit sur certains médias. Il y a bien un classement qui a été établit et il scelle le fait qu’on soit cinquième ce qui est éminemment important puisque c’est le meilleur classement jamais atteint, qui nous ouvre les portes de l’Europe.

Cette saison a été une nouvelle fois riche en émotion. Le club a grandi dans sa structuration avec la création d’un nouvel espace de réception en octobre nommé le Karré puis l’arrivée du 1055 en décembre. Sportivement, la cinquième place finale obtenue est-elle une satisfaction pour le club ?

Oui et on s’est aussi qualifié pour la Leaders Cup pour la troisième année consécutive. Cette saison a été pleine et riche de succès. Je pense que notre nouvel espace VIP est assez exceptionnel, le 1055 était parti aussi sur de très bons rails et on est convaincu maintenant que c’est un vecteur extrêmement important de continuité de ce qui se passe entre les jours de matchs, et pour notre public les jours de match. On avait beaucoup travaillé sur nos partenaires et leur travail depuis l’entrée à Ekinox mais pour le grand public, à ce jour, c’est une solution beaucoup plus confortable et complète. Puis effectivement ce classement de cinquième qui nous mettait sur un vrai élan et ça nous casse un peu les ailes en plein envol. Mais dans le sport, on a l’habitude d’être dans la difficulté, l’adversité, alors il faut qu’on reparte de l’avant comme on l’a toujours fait.

Président inauguration 1055
Julien Desbottes lors de l'inauguration du 1055 ©Christelle Gouttefarde

Y a-t-il tout de même un goût d’inachevé ?

C’est un gros goût d’inachevé parce qu’il y a beaucoup d’investissement de tout le monde entre les gens qui sont des permanents du club mais aussi dans son environnement. Il y a aussi beaucoup d’engagement de nos partenaires et de nos abonnés et pour moi l’Europe est quasiment l’équivalent d’une montée car ça donne une tout autre dimension à notre entité. C’est vrai que c’est une vraie plus-value, une marque de succès. Certes on est cinquième mais ce n’est pas du tout la même saveur que si on avait pu faire les Play-offs, pu rivaliser avec les meilleurs de France et essayer d’être le poil à gratter de la division. C’est frustrant de ce côté là mais ça s’impose à nous et pas besoin de se faire trop de mal là-dessus.

"Une probabilité de jouer l’Europe supérieure à 90 %"

Vous le dites, cette cinquième place pourrait apporter une Coupe d’Europe pour la JL Bourg. Où en sont actuellement les démarches pour parvenir à cet objectif ?

Les démarches sont hyperactives. C’est vraiment mon challenge de ne pas passer à côté et se faire doubler dans la dernière ligne droite par des dispositifs et des considérations qui soient trop tournées vers le passé et pas sur le présent. Dans ce contexte, on sait qu’il y a deux compétitions potentielles pour nous avec la BCL (Basketball Champions League) ou l’Eurocup. Nous avons priorisé notre choix avec en un la BCL et en deux l’Eurocup parce que la première nous paraît être une compétition dans laquelle on peut un peu plus facilement exister. Le but n’est pas de faire simplement l’Europe comme quand on est monté en Jeep®Elite c’est pour cela que j’apparente ça à une montée de division. L’idée est de pouvoir rivaliser et pourquoi pas accéder aux huitièmes de finale en sortant des poules.
Pour ce faire, il faut présenter des dossiers que nous avons envoyés en temps et en heure. Ensuite il faut attendre de voir comment cela va se passer pour l’attribution cette année. À ce jour, on sait déjà que Strasbourg nous a déjà grillé la politesse compte tenu de son ranking historique dans la BCL et que Dijon y sera aussi de part sa qualification cette saison pour les phases finales mais de toute façon, ils étaient devant nous. Monaco par son classement est en Eurocup, Limoges traditionnellement y est aussi invité mais pourrait faire la BCL cette année. Ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a plus que Levallois qui est devant nous, sportivement sur la saison, et qui privilégierait plutôt l’Eurocup. De mon côté, je suis en contact directement avec le président de la BCL (Patrick Comninos) qui est un homme extrêmement transparent, ouvert et qui semblerait privilégier une piste dans laquelle il équilibrerait les places entre l’histoire et le présent. Une fois qu’on a dit ça donnerait, à mon avis, une probabilité de jouer l’Europe supérieure à 90 %.

On sent quand même un flou entre la déclaration du directeur général de la Ligue des Champions (BCL) Patrick Comninos, qui a expliqué à BeBasket que « La ligue française a déclaré une saison blanche. Cela veut dire qu’il n’y a pas de champion ni de classement. » et celle de l’Assemblée Générale de la LNB indique bien que les classements ont été figés. Nous savons également que Dijon et Strasbourg occuperont deux des quatre tickets. Avez-vous un éclaircissement vous qui avez participé à l’AG de la Ligue ? 

JDA Dijon Ulmer
La JDA Dijon de l'ancien bressan LaMonte Ulmer jouaient en BCL cette saison © Jacques Cormarèche

J’ai eu, à ce sujet et sur cette déclaration à proprement parlé, le président de la BCL lui-même qui est grec mais parle un français plus que parfait ce qui est facilitateur et le président de la LNB Alain Béral afin de leur dire : “je ne comprends pas car il y a bien un classement d’établi”. J’ai même envoyé personnellement le communiqué de la Ligue Nationale de Basket à Monsieur Comninos indiquant qu’il y a un rang de donnée. Il est donc bien informé de la situation et la LNB, par son président, m’a dit que les deux institutions que sont l’ULEB (Euroleague/Eurocup) et la FIBA Europe (BCL) auraient un courrier qui recommandera d’intégrer la JL Bourg compte tenu de son classement. Ainsi, pour moi à part des effets politiques qui viendraient au dernier moment nous griller la politesse, je pense, et c’est un risque de ma part, que nous avons neuf chances sur dix d’être qualifié pour l’année prochaine.

Quid de la Fiba Europe Cup ?

Elle a été dissoute, compte tenu des circonstances, pour l’année prochaine. Mais si elle avait existé, nous l’aurions prise.

Dans la deuxième partie, nous reviendrons sur les conséquences économiques de la crise et les perspectives qui entourent le budget pour la saison 2020/2021. À lire dans quelques jours…

Propos recueillis par Corentin Maréchal
©Christelle Gouttefarde