Tout a commencé un 10 juillet 2020, jour de tirage au sort au siège de l’Euroleague.
Puis un premier match à Istanbul pour concrétiser, une première victoire… Et tout s’est enchainé, jusqu’à ce jeudi 3 décembre, une consécration attendue : la qualification au Top 16 de l’Eurocup.

Pour vous, nous revenons en mots sur nos débuts dans cette belle histoire européenne.

EUROCUP / HISTOIRE

« On écrit semaine après semaine l’histoire de notre club ». Voilà les mots du Président de la JL Bourg pour résumer ces derniers mois merveilleux pour le club Aindinois. Nous revenons aujourd’hui, avec les principaux intéressés, Savo Vucevic, Boban Savovic, Julien Desbottes et Arafat Gorrab, sur ce début de périple européen.

Le vendredi 10 juillet 2020 était déjà une première ligne inscrite en majuscule au sein du livre européen venant tout juste d’être ouvert par le club. Un tirage au sort attendu et suivi de près par les supporters burgiens qui doivent s’armer de patience avant de voir leur équipe préférée sélectionnée, puisque son nom patiente au sein du dernier et sixième chapeau. Après plus de vingt minutes d’attente et à la vue des tirages, le groupe A est celui à éviter à tout prix, le C comporte déjà le nom d’un club français avec Monaco (et ne peut être choisi) tandis que les groupes B et D semblent plus équilibrés. Des tirages faciles, la Jeu n’en obtient pas souvent ces dernières saisons. En témoigne le dernier effectué : un 1/8e de finale de la Coupe de France à l’ASVEL à jouer début 2021. Mais qui dit malchanceux au tirage ne dit pas spécialement une compétition ratée. On peut encore citer une rencontre face à l’ASVEL en février 2019 pour le 1/4 de finale de la Leaders Cup qui mena nos Rouge et Blanc jusqu’en finale. C’est finalement dans le premier des groupes que la JL va s’intégrer, promettant ce jour-là de belles affiches.

Le Président de la JL Bourg, Julien Desbottes, l’avait alors martelé avant de commencer la saison et l’a souvent répété par la suite. Cette année, le club a construit grâce à son staff emmené par Fred Sarre dans les coulisses et par Savo Vučević, Gérald Simon et Boban Savovic sur le banc, la meilleure équipe de son histoire pour parvenir à créer des exploits. Les paroles de Boban Savovic après le deuxième succès à Venise font alors sens : « On a cru dès le premier jour quand on a créé cette équipe qu’on pouvait faire de grandes choses, et maintenant, on sait qu’on l’a fait« .

Et les exploits ont commencé très vite pour les Burgiens en Coupe d’Europe avec un premier succès autoritaire le 30 septembre sur le parquet d’Istanbul (99-82). Un début victorieux à l’extérieur qui en appellera d’autres quelques semaines plus tard. L’enchaînement contre Badalone à Ekinox montra de son côté que l’équipe ne lâcherait rien, malgré la défaite (77-84). Mais les soucis ont tout de même pointé le bout de leur nez lorsque le déplacement prévu à Venise et la réception de Kazan ont dû être annulés pour cause de contamination à la Covid-19.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le retour du groupe sur le parquet fût magique avec une rencontre prestigieuse remportée avec la manière face au Partizan Belgrade (89-76) alors que la reprise de l’entraînement venait de se faire. Après seulement trois rencontres, la Jeu a finalement retrouvé Istanbul pour un match retour plus serré (79-77). Puis les reports du calendrier ont continué de tomber avec des cas désormais dans les équipes de Badalone et Venise. Il fut alors temps de faire face à une équipe russe de Kazan qui joua son meilleur match depuis le début de la compétition (74-86). Avec un bilan de 3 victoires pour 2 défaites à mi-parcours, et sans avoir rencontré une seule fois Venise, l’épopée semblait déjà belle. Jusqu’à ces 2 et 3 décembre…

Un back-to-back dans l'histoire

Venise, 2 décembre. L’adversaire de cette double confrontation est annoncé diminué, mais peut tout de même compter sur la plupart de ses joueurs étrangers. La JL le sait, ce soir, elle peut faire un pas de plus vers la qualification. Même, elle peut se qualifier pour le Top 16 si elle réussissait à s’imposer par deux fois. Mais nous n’en sommes pas encore là. Le basket est un sport complexe et tout peut arriver en 40 minutes. Ce mercredi-là, les Vénitiens sont tout de même touchés rapidement par la pression burgienne sur le parquet. Le score final est sans appel (87-59). Sauf que coach Savo fait bien de le rappeler, « demain sera un autre match ».
Et demain ? Demain est bien difficile pour nos Rouge et Blanc. Venise a récupéré un peu de rotation et sait que ce match est celui de sa dernière chance tandis que la JL compte à son tour des absents (Wright, Daval-Braquet et Rey). Le combat est âpre, la tension défensive est forte, et les locaux ne lâcheront jamais jusqu’à se retrouver à une possession dans l’ultime acte alors que le débours était monté jusqu’à 16 points. Comme ils ont pu le faire cette saison, les Bressans vont bien conclure leur rencontre et pour coach Savo, pas question d’enlever quoi que ce soit à son groupe : « Je ne veux pas qu’on essaie de brader nos prestations. On a mérité nos deux victoires. Les joueurs ont montré beaucoup d’exemple, d’abnégation et de volonté. (…) On a battu une équipe championne d’Italie en 2019, qualifiée au Top 8 de l’Eurocup l’an dernier. On a vu combien ce soir, ce fut difficile, on a bataillé jusqu’à la fin et encore une fois, chapeau au joueur, ils ont fait quelque chose d’extraordinaire de battre la même équipe deux fois« .

Au final, ce cinquième succès (76-86) valide après sept journées la qualification pour le second tour. Pour Boban Savovic, la joie est au rendez-vous : « Je suis très content, c’est une grande victoire historique pour nous. C’est la première fois qu’on joue en Eurocup et on se qualifie pour le deuxième tour. Je suis très content pour toute notre ville, tout notre club et tout nous supporters, c’est magnifique ». Tout comme du côté du président Julien Desbottes : « Il y a deux mots que j’apprécie beaucoup : historique et encore. (…) Aujourd’hui, c’est une énorme fierté et il faut se satisfaire de ce qui se présente ». D’autant que chacun des joueurs aura apporté sur ces sept rencontres, tour à tour. Gagner en équipe, voilà ce que la JL Bourg fait depuis le début de la saison.
Pour le speaker et intendant de la JL Bourg, Arafat Gorrab, l’émotion était même encore plus présente : « Nous le staff, on sait d’où l’on vient par rapport à certains joueurs qui sont là depuis peu de temps. On est limite plus émotif que les joueurs et on festoie plus qu’eux. (…) On vient de la dixième place de Pro B il y a six ou sept ans à premier d’un groupe d’Eurocup, c’est une belle histoire ».

Il reste désormais trois rencontres à la JL Bourg pour obtenir une meilleure place dans le classement pour obtenir un groupe plus simple par la suite et Boban a bien le sourire pour évoquer le fait qu’il reste deux déplacements : « Je ne suis pas inquiet aujourd’hui de jouer deux matchs à l’extérieur parce que finalement, on gagne tous nos matchs à l’extérieur ». Même si le sérieux revient vite : « On prendra match par match et maintenant on doit penser à Kazan »Pour le président, ces derniers matchs seront l’occasion de « montrer des choses, car ces matchs comptent pour l’histoire du club. Contre Badalone et Kazan contre qui on a perdu à Bourg, on a une frustration de nos défaites à Ekinox. (…) Kazan est à plus de 4000 km et on n’y va pas du tout pour faire du tourisme. (…) On est capable de jouer les yeux dans les yeux contre eux ».

Les voyages ne sont donc pas terminés et Arafat devra encore batailler dur pour le confort des joueurs : « Le Covid a pris le dessus et nous fait nous arracher les cheveux entre les trains et avions qui s’annulent. Les déplacements sont hyper compliqués comme ce le sera pour le retour Kazan. On va rentrer via Istanbul, comme prévu, mais on arrivera à Paris au lieu de Lyon, car il n’y a plus d’avion rapide. Le train réservé pour Bourg-en-Bresse est annulé et on a dû chercher un deuxième, un troisième train pour revenir. Cette recherche perpétuelle est très chronophage et fatigante, mais le bonus c’est Noël avant Noël sachant qu’on est qualifié avant Badalone et Kazan, et ça c’est une vraie surprise ».

Tout le monde espère donc retrouver au plus vite son équipe, et le Président a un dernier mot pour tous : « C’est un sentiment très contrasté, car notre vision n’est pas de vivre ça dans le confinement. Le partage, ça nous manque. Le sport c’est les efforts, la victoire tant qu’on peut, mais c’est aussi le partage des émotions et ça c’est dur. Il nous manque au moins 50% de bonheur de vivre ça tout seul. Je pense que la grande vertu du Top 16 est qu’elle donnera l’occasion à nos partenaires et nos abonnés de voir l’Europe un peu plus puisqu’on a vu que Badalone. Cela va mener le niveau basket vers le haut et nous permettra de partager enfin ces moments-là. Ça sera dur parce que les marches à ce niveau-là seront très très hautes, mais j’ai une énorme impatience de retrouver notre salle Ekinox, au moins nos partenaires et nos abonnées et même notre grand public idéalement. Je pense que l’horizon du 15 janvier est crédible pour cela. »

– Corentin Maréchal.

D'Istanbul à Venise... il n'y a qu'un pas !

Retrouvez l’ensemble des interviews au micro d’Arafat Gorrab, Didier Berthet et Corentin Maréchal.