Il y a plus d’un an, un des pionniers du club Garrett Sim, adoré de tous, se blessait au tout début de la saison 2019-20. Le club recrute donc un pigiste médical le temps que Garrett se remette sur pied. Un certain Danilo Andjusic arrive alors à Ekinox. L’histoire entre le club et ce joueur ne devait durer qu’un temps, mais voilà qu’après seulement quelques entrainements collectifs avec le reste du groupe, Danilo dispute son premier déplacement à Pau sous les couleurs Rouges et Blanches… Et l’histoire, à peine commencée, prend déjà une autre tournure. Il marque 31 points ce soir-là, lui qui n’avait jamais disputé le championnat français, qui ne connaissait que très peu ses coéquipiers. Puis pour sa première à Ekinox, il brille à nouveau avec 24 points contre Orléans. Le phénomène est lancé et ne s’arrêtera plus, la Jeep®Élite et l’ensemble de la JL sont unanimes : il est adopté ! Avant la réception de son club de coeur, le Partizan NIS Belgrade, rencontre avec le serial shooter serbe de la Jeu. Aventures humaines, expériences européennes, famille de basketteurs… Entre deux matchs d’Eurocup, Danilo s’arrête quelques minutes pour nous conter son histoire.

Danilo, comment vas-tu ?

Tout va très bien en ce moment. On gagne en plus et c’est sûr que quand on gagne, tout est plus facile. On a vraiment bien commencé la saison, j’espère que l’on va continuer comme ça !

Après ta belle saison avec la JL Bourg l’an dernier où tu es arrivé au début en pigiste de Garrett Sim (15,5 points à 45.5% à 3 points, 3,3 rebonds et 3,6 passes), tu as prolongé à l’intersaison avec le club. Comment te sens-tu à Bourg ?

Je me sens bien ! Je pensais vraiment que c’était quelque chose de bien pour moi que de poursuivre ici cette saison. Je me sens bien à Bourg, j’adore jouer au basket ici et ça ce sont les choses les plus importantes pour moi. Jusque là je pense que j’ai pris la bonne décision, d’autant plus après les résultats sportifs qu’on a pu avoir. Puis avec avec l’arrivée de l’Eurocup pour le club… Je pense que notre équipe peut encore faire de belles choses.

Après cette belle année 2019-20 et cet incroyable début de saison, nous sommes qualifiés pour le TOP 16 de l’Eurocup. Je suppose que ce récent point te conforte dans le fait d’avoir choisi de rester ici ?

Bien sûr ! Depuis le premier jour je n’ai eu aucun doute quant à mon choix. Je savais que c’était la bonne décision car au club, les coachs, le staff… tout le monde était sur la même longueur d’onde ! Je savais quel type d’équipe nous allions construire. Et après 4 mois, je pense que nous avons prouvé sur le terrain que chaque décision a été la bonne à prendre. 

"Tout ce qui m’est arrivé l’année dernière avec la JL Bourg a été bénéfique pour moi."

Tu as donc été l’un des artisans de la bonne saison 2019/2020, ta relation avec le coach et sa confiance sur le terrain ont-ils été des points importants ?

Oui, c’est une des choses les plus importantes pour moi et ça l’était aussi l’an passé ! Donc bien sûr, ça a été l’une des principales raisons pour lesquelles je n’ai pas hésité à rester ici. Je sais que le coach croit en moi, il m’a accordé une grande confiance la saison dernière. Et cette année, il m’a donné une part du leadership de l’équipe et ça, j’ai vraiment apprécié, je prends mon rôle très à coeur, je sais que maintenant je suis prêt pour ça. 

Tout ce qui m’est arrivé l’année dernière avec la JL Bourg a été bénéfique pour moi. C’était important que je continue sur cette lancée, pour pouvoir assumer pleinement un rôle central dans une équipe et aller chercher des victoires. Finalement, lui offrir de bons résultats, c’est aussi ma façon de lui rendre ce qu’il m’a apporté dans ma vie de joueur.

Comment expliques-tu la force collective de l’équipe cette année ?

On a vraiment une bonne équipe cette année. Premièrement au niveau de nos compétences et résultats baskets bien sûr, mais aussi d’un point de vue humain. Tous les joueurs sont de belles personnes. Pour la plupart, on se connaissait déjà depuis l’année dernière évidemment, mais même pour les nouveaux arrivants, ce sont des bons gars, ils se sont super bien intégrés dans l’équipe donc… Je pense que cet aspect joue énormément, notre bonne entente et notre esprit d’équipe sont sûrement l’un de nos gros points forts. On est sur un bon chemin là, j’espère qu’on continuera comme ça jusqu’à la fin de la saison !

En Jeep®Elite, tu es aussi le quatrième meilleur marqueur du championnat (18.5 points) et surtout le meilleur shooteur à 3 points avec un incroyable 13/20 (65% de réussite). Comment travailles-tu ce domaine ?

Je crois que c’est tout d’abord quelque chose de génétique ! (rire) En tout cas, dans ma famille tout le monde me dit ça. Ma mère jouait au basket aussi et tout le monde lui disait qu’elle était une très bonne tireuse à 3 points. Il doit y avoir un peu de ça du coup, mais surtout, c’est vrai que c’est un point sur lequel je travaille énormément depuis que je suis tout petit. Quand j’étais jeune, on me considérait déjà comme un « shooter », ça m’a poussé à beaucoup travailler sur cette compétence. Encore aujourd’hui je continue à le faire, après les entrainements par exemple, je fais toujours des petites sessions de shoots pour me perfectionner.

Après être le « 4e meilleur scoreur » ce n’est pas le plus important pour moi. C’est vrai que ça fait toujours plaisir, mais ce que je veux vraiment, c’est donner le meilleur de moi-même sur le terrain et aimer ce que je fais, être en adéquation avec le basket que je pratique. Bon, puis gagner aussi, évidemment ! (rire)

Et on ne peut pas évoquer ta réussite à 3 points sans parler de cet incroyable tir, quasi au buzzer, qui donne la victoire à la Jeu face à Levallois. Tu fais un match moins bon qu’à ton habitude mais finalement, c’est toi qui cloue le score. Qu’est ce qu’il se passe à ce moment là dans la tête d’un joueur, quand on sait que la victoire repose sur ses épaules ?

Ah oui ce shoot ! Je dois avouer que c’est un de mes paniers préférés !

À ce moment-là, il n’y a pas de secret, tu dois être fort mentalement. C’est vrai que ce match, j’ai été moins bon que ce que j’espérais. À chaque match on essaye d’être concentré pendant 40 minutes, vraiment, mais ça ne se passe pas toujours comme on veut. Certaines fois tu commences bien, d’autres tu es moins bon au début et tu deviens meilleur dans les dernières minutes… Contre Levallois c’était peut-être la deuxième option. Le coach m’a demandé de prendre ce dernier shoot, il m’a fait confiance. Comme je le disais avant, je travaille énormément sur mon adresse à 3 points, et finalement des shoots comme ça j’en ai fait des centaines pendant l’entrainement ! À ce moment-là, il faut juste arriver à faire abstraction du reste, être super concentré et se dire « j’ai juste à faire ce que je sais faire ». Tu restes concentré sur ton mouvement et tu ne penses même pas au fait que tu peux le rater, ou des conséquences derrière si tu le rates. Tu te dis juste qu’il va rentrer, tu le sais, car tu es focus à 100% sur ton mouvement, sur ta réussite. 

"À ce moment-là, il faut arriver à faire abstraction du reste, être super concentré et se dire j’ai juste à faire ce que je sais faire"

Nous savons que tu possèdes une grosse expérience européenne avec notamment 2 saisons en Eurocup avec Vrsac en 2010/2011 et Kazan 2017/2018 mais également 3 saisons en Euroligue avec Belgrade et Kazan. Que tires-tu de ces expériences et que t’apportent-elle pour cette saison ?

Ca m’a apporté beaucoup ! Ca m’a apporté car je savais dans quel type de compétition nous allions entrer, alors que le club le découvrait puisque c’était sa première expérience en Europe. Nous étions plusieurs à avoir déjà eu la chance de vivre ça, de connaitre ce sentiment quand on représente son club au delà des frontières, on savait aussi quels types d’équipes nous allions devoir affronter. Des équipes de niveaux hétérogènes, qui jouent dans différentes ligues… Donc bien sûr, c’était plus facile pour moi, ces précédentes expériences m’ont beaucoup aidé pour entamer cette aventure avec la JL.

Tes performances t’ont permis de retrouver la sélection internationale il y a quelques semaines sept ans après où tu as joué un rôle majeur (18,5 points, 2 rebonds et 2 passes en deux rencontres). Je suppose que cela t’a fait plaisir de revêtir de nouveau le maillot Serbe ?

C’est vraiment la meilleure chose qui me soit arrivé ces derniers temps. Pour moi, porter le maillot de l’équipe nationale de Serbie est quelque chose de spécial. Nous les serbes, nous sommes des gens fiers (rire) et pour moi c’est la même chose, donc c’est super d’avoir pu revêtir une nouvelle fois ce maillot. En somme, je suis vraiment heureux d’en avoir fait partie, j’espère pouvoir continuer à jouer avec l’équipe nationale pour les prochaines fenêtres internationales et pourquoi pas pour d’autres campagnes !

De quoi rêver jouer le TQO (Tournois de Qualification Olympique) puis les Jeux Olympiques de Tokyo l’été prochain ?

Nous aurons la fenêtre internationale en février et j’espère que je serai là. Si je joue bien, pourquoi pas. J’espère être dans la liste pour le camp d’entraînement, pour le TQO avant les Jeux Olympiques, et après nous verrons, qui sait ! Mais ce serait un grand honneur pour moi.

Pour revenir à la JL. Cette saison en Eurocup tu as croisé deux de tes anciens clubs. Commençons par Kazan. Parle-nous de ce retour en Russie et de ton expérience là-bas entre 2016 et 2017.

Ça a été une grande expérience de jouer là-bas pendant un an et demi. Lors de la seconde année, nous étions vraiment une belle équipe avec de bons gars en plus. Ce fut une très bonne saison tous ensemble et je me rappellerai toujours de ce moment passé à Kazan. C’est vraiment une belle ville où j’ai aimé vivre donc ce fût génial de pouvoir y retourner cette année pour revoir les supporters ainsi que les salariés du club. C’est un gros club avec beaucoup d’expérience en Eurocup, qu’ils ont d’ailleurs remporté (NDLR : en 2011) mais aussi en Euroleague.

Pour toi, il y a tout de même un club qui compte plus, c’est le Partizan Belgrade, le club de ta ville que la JL Bourg accueillera ce mardi pour le match retour. Comment se sont passées tes différentes saisons là-bas (entre 2011 et 2013 puis en 2016) et en quoi c’est si spécial pour toi ?

Oui c’est vraiment le plus important. Le Partizan est un grand nom en Europe mais aussi dans le monde. Tout le monde connaît cette équipe et en Serbie il y a deux équipes que les gens supportent : le Partizan et l’Étoile Rouge. Depuis que je suis enfant, j’ai fait le choix du Partizan et je suis toujours allé voir les matchs en étant petit. Pour moi, l’opportunité d’avoir revêtu ce maillot a été comme porter celui de l’Équipe nationale. Je ne peux vraiment pas décrire avec des mots ces moments. C’est le premier club avec qui j’ai gagné un championnat (NDLR : en 2012), la coupe nationale et également avec qui j’ai joué l’Euroleague. Si un jour je dois en parler à mes enfants, ce sera certainement le premier endroit que j’évoquerais. Nous avons eu la chance de pouvoir jouer contre eux cette année mais ce qui est dommage, c’est que nous n’avons pas eu la chance de jouer devant les fans. C’est triste parce que je sais que tout le monde au club de la JL, et nous les joueurs, voulions voir l’incroyable atmosphère qu’il y a dans cette salle et comment c’est de jouer contre ce type d’équipe, dans ces conditions. Enfin bref, nous n’avons pas eu cette chance mais nous avons quand même pu jouer à Belgrade, j’ai pu rejouer à la maison et ça a été encore un moment spécial pour moi. J’espère que dans le futur, la JL aura l’opportunité de jouer contre le Partizan une nouvelle fois.

Ton retour il y a quelques semaines a dû être plus que spécial : victoire sans appel 76-89 et un gros match pour toi avec 23 points, 2 rebonds et 4 passes. As-tu eu un pincement au cœur de battre ce club que tu chéris tant ?

Pour être honnête non, parce que je reste professionnel et je donne le meilleur de moi-même pour mon équipe. C’était très important pour nous d’obtenir cette victoire dans l’optique de la qualification au Top 16. Sur le terrain, quand le match a commencé, ma seule envie était de les battre et de jouer le mieux que je pouvais. Peu importe qui est en face. Toutes les émotions restent sur le côté du parquet quand la rencontre démarre.

Rêves-tu d’y rejouer un jour ?

Je dirais que oui, probablement pour finir ma carrière là-bas. Je ne sais pas quand j’arrêterai et combien d’années il me reste encore à jouer mais ça serait la meilleure façon de terminer ma carrière. J’aimerais vraiment que ça se passe comme ça.

On te retrouve mardi sur le parquet. Merci Danilo !

©Christelle Gouttefarde ©Jacques Cormarèche ©FIBA ©Partizan NIS Belgrade