Avant de prendre la route vers la deuxième mi-temps de cette saison, il est temps de dresser un premier bilan aux côtés de coach Freddy, sur le plan sportif, sur ses attentes,  l’état d’esprit du groupe mais aussi nos futurs objectifs. Entretien. 

Freddy, après 6 mois à Bourg, comment te sens-tu ?


Très bien. Le leitmotiv d’un entraîneur et d’un staff est de gagner des matchs. Alors effectivement, ça joue beaucoup sur l’intégration dans un club et une ville. C’est vrai que la météo n’est pas toujours superbe mais les victoires amènent le soleil dans Ekinox !

On sent un vrai plaisir de travailler au quotidien avec tes équipes. Tu peux nous en parler un peu ?

Le groupe est très facile à vivre. Le fait que l’équipe ait gagné de suite, ça aide facilement à créer des connexions, de la confiance entre un staff et des joueurs. Au quotidien, j’avoue que je suis très très bien épaulé par mon staff, JB, Boban, Fabrice ou encore Gintare, ils sont très proches aussi des joueurs, ça aide au quotidien. C’est super agréable de venir dans ces conditions là. On a eu un début de championnat qui a pu être mitigé par moment, 3 victoires, 4 défaites pendant un moment donné, on jouait de grosses équipes et le groupe est resté soudé, confiant dans ce que l’on proposait, ce qui fait qu’on est bien placé aujourd’hui.

©Jacques Cormarèche

Nous sommes donc à la mi-saison et encore engagés dans 4 compétions.

C’est ça ! Alors l’Eurocup quoiqu’il arrive on y serait encore. Il y a la Coupe de France pour laquelle on a eu des tirages qui nous convenaient et on a pu passer les deux premiers tours. Et puis il y a la Leaders Cup, qui nous imposaient d’être dans le Top 8 et on l’a fait. J’avoue que c’était quand même deux objectifs importants et qui ont été bien réalisés. Le championnat est dense et dur. Depuis le début de la saison, on n’a aucune marge, on le sait, et dans l’ensemble on a réussi à gagner beaucoup de matchs qui étaient plutôt serrés. On a réussi à échapper aux pièges qu’on nous a proposés. Et ça c’est surtout parce que les gars croient en eux et ont confiance en eux.

Enormément de matchs se sont joués dans le money time, c’est un peu la marque de fabrique de l’année. Beaucoup de supporters disent prendre du plaisir sur ces fins de matchs serrées, mais sont également stressés de vivre de si courtes victoires. Quel est ton sentiment là-dessus ?

Déjà, je dirais que c’est important d’être à chaque fois proche de gagner ! Cela prouve qu’on reste longtemps dans le match. Depuis le début de saison, on répète qu’on n’a pas de marge sur les autres équipes, ce championnat est tellement fort & homogène. Donc pour moi ça confirme qu’on est là jusqu’au bout, que cette équipe a énormément de caractère pour aller chercher les victoires qui sont à notre portée, et qui sont forcément stressantes pour les autres. Nous on aime aussi ce genre de match là, on s’entraîne pour ça, on se prépare à jouer des fins de matchs serrés. Si je devais avoir une réponse aux supporters là-dessus, je leur demanderai de continuer à venir, continuer à nous soutenir encore plus pour qu’à l’image de mardi, notre dernier match contre Venise, il y ait vraiment une symbiose entre les joueurs et le public. Parce que c’est super important ! Il faut croire en nous, nos joueurs ont du caractère. Et puis, si on enlève les matchs de Ljubljana, Bursaspor et Roanne, les fins de match nous ont été plutôt favorables !

Tu évoques le match de mardi contre Venise, on attendait un match référence… Peut-on considérer que celui-ci en était un ?

Oui clairement ! Mis à part la dernière minute trente avant la mi-temps et les 3 premières de la 2ème, c’était un match très abouti face à une très très bonne équipe de Venise. Pour faire un bon match, il faut être deux bonnes équipes, c’est un peu l’adage des gros matchs et ça a été le cas. Là où moi j’ai pris beaucoup de plaisir, c’est que sur les 11 joueurs qui ont participé, les 11 ont été importants à un moment donné du match. Un exemple très concret (parce que tout le monde voit ceux qui ont marqué des points, mais il n’y a pas que ça), James Palmer a en effet fait un gros match d’attaque comme Jordan, mais Maxime Courby a été très précieux dans cette fin de match, où on a réussi à se maintenir puis creuser l’écart. Pour moi, c’est ça une vraie équipe, chacun à un moment donné doit apporter quelque chose de positif et ce n’est pas forcément toujours marquer des points !

En parlant de collectif, on voit bien qu’il prime sur les individualités malgré les grosses performances de certains. Le collectif, c'est vraiment la notion la plus importante que tu inculques à tes joueurs, toujours ?

C’est toujours ce que j’inculque oui, on a une équipe très homogène et on a besoin de se partager la balle en attaque, et j’insiste mais on a aussi besoin que les joueurs sans ballon aient un vrai rôle pour que le ballon rentre dans le panier. C’est vrai que mardi, ça a été très bien respecté, a contrario contre Fos-sur-Mer, ça ne l’a pas été.

Puis en Eurocup, je vais être très content de repartir à Cluj, car la dernière fois que j’y suis allé c’était en 91 ! (rire) On avait fait un match de qualification pour l’Euroleague avec un mec, Gheorge Mureșan, qui faisait 2m31, il était immense ! Et l’année d’après, il était chez nous !

©Guilherme Amorin

Est-ce que pour toi, chaque joueur est dans son rôle, dans ce que tu souhaites mettre en place depuis le début de saison ?

Je pense que oui. Chaque joueur a compris les points forts et les faiblesses de chacun. C’est important pour moi de savoir avec qui on joue. De respecter les points forts, forcément c’est facile, mais il faut aussi respecter les points faibles. On n’a pas Antetokounmpo. On a nos forces et nos faiblesses et je trouve que la complémentarité de cette équipe là, fait que, on a une vraie homogénéité. Puis les points forts ressortent très souvent, donc j’ose espérer que chacun a compris. 

Après je l’imagine, je le sais même puisque j’ai été joueur aussi, ça amène parfois de la frustration, parce que l’on brille moins, on voudrait tous marquer 15 points, prendre 12 rebonds… mais ce n’est pas possible qu’il y ait 11 marqueurs à 15 points chaque match. 165 points, ça commencerait à faire beaucoup ! (rire) 

Le but final c’est que l’équipe gagne, et avec ça en tête, tout le monde en sortira grandi. 

Et justement collectivement, tu pensais en être là à cette période ?

Alors je ne suis pas devin qu’on soit d’accord, mais je pensais que cette équipe-là arriverait à maturité à fin janvier. J’espère qu’on a 15 jours d’avance. On verra ça samedi, parce que construire une équipe, cela ne relève pas d’un claquement de doigts, ça n’arrive pas de suite. Mais en tout cas, j’ai l’impression que l’on comprend mieux les choses. Cela restera toujours fragile, toutes les équipes du monde restent fragiles d’ailleurs parce que le moindre petit accroc, blessure, mauvais match peut tout remettre en question. Mais voilà, je pense qu’on a compris pas mal de choses, maintenant, je le répète, le championnat est très compliqué, il y a pas mal de fortes équipes. On verra bien ce que l’avenir nous réserve. 

Tu te disais bien entouré et notamment de Boban et de JB qui t'apportent un soutien dans la stratégie de match. Est-ce que toi, en tant que coach, tu sens que tu as évolué ? Ou que tu as une nouvelle manière de préparer tes matchs, d’élaborer ta stratégie ?

Oui toujours, on ajuste toujours par rapport aux joueurs, à la progression de l’équipe. Ce qui est sûr, je pense, c’est que le staff aussi a trouvé sa place dans le management que je propose et dans les interventions qu’ils peuvent avoir au quotidien. C’est vrai que ce n’est pas toujours facile de travailler avec les uns, les autres. Jean-Baptiste, était déjà coach avant et redevient assistant et c’est vrai qu’il faut savoir sa place, son rôle, ce n’est pas toujours évident. Là j’ai l’impression que tout le monde est bien dans ce qu’il fait, que tout le monde prend du plaisir et c’est important, tout comme le staff physique et médical qui est toujours plus proche des joueurs, la confiance est mutuelle, c’est plus simple pour travailler. 

Comme nous le disions, nous sommes encore dans 4 compétitions. À date, est-ce que la pression s'agrandit de jour en jour ou justement c'est l'opportunité de lâcher prise et de foncer ?

Alors, pas de pression bien au contraire, beaucoup plus d’excitation, ça c’est sûr, parce qu’on est tous des compétiteurs et que lorsque l’on rentre sur un terrain, on se dit toujours que nous aussi on a notre chance. Je pense qu’on reste des outsiders, mais c’est le rôle des équipes comme Bourg-en-Bresse. On ne sera jamais les favoris comme les grosses équipes, mais nous sommes des prétendants à la victoire finale comme les autres, parce qu’on peut faire de très belles choses. Il faudra que notre préparation aux futurs événements soit très bonne pour pouvoir aborder les matchs décisifs. De toute façon, dès qu’on fait du sport de haut niveau, on a tous envie d’arriver dans les matchs où l’on peut gagner quelque chose. C’est la finalité d’un travail collectif !

On commence à penser à des 8ème de finale en Eurocup… Est-ce que tu sens une motivation différente chez les joueurs quand il s’agit d’Europe ?

Les coupes d’Europe sont les matchs les plus faciles à préparer à aborder pour un staff. Les joueurs rêvent de jouer des Coupes d’Europe pour se montrer un peu plus aussi et pour pouvoir briller, donc la préparation psychologique d’un match se fait naturellement en fait. Pour cet objectif là, on est rarement inquiet sur l’investissement que vont avoir les uns et les autres. Peut-être que nous aussi staff, inconsciemment, c’est pareil, je ne sais pas, je n’y ai jamais trop réfléchi à vrai dire. On estime que nos préparations sont à peu près identiques, mais bon.

On a aussi le billet pour la Leaderscup vient d’être validé. Un mot sur ce week-end ? Ce sont toujours des compétitions un peu particulières, où tout se joue en un week-end comme ça ?

D’abord, j’ai presque envie de dire, que c’est la compétition la plus simple à gagner, même si c’est très compliqué pour se qualifier. Une fois qu’on y est, imaginez qu’on soit en état de grâce pendant trois jours, qu’on ne rate pas un panier, qu’on défende bien et qu’on ramène un titre, c’est possible ! Mais le problème c’est qu’on est 8 équipes dans ce cas-là (rire), on verra donc par rapport au tirage au sort (qui aura lieu ce mardi 24 janvier). L’avantage est de jouer sur terrain neutre. Nous, Bourg, on est pas trop loin, j’espère qu’on aura du monde qui va venir nous supporter.

©Alexandre Josserand

Aujourd'hui, quel est le chemin que tu veux suivre pour cette 2ème partie de saison ?

D’abord être vigilant, que chacun reste calé sur les objectifs collectifs, de bien rester une équipe, et non pas des individus à part entière, c’est un premier point important. On a vu pendant la première partie de saison qu’on avait beaucoup de largesse, avec un jeu d’attaque où l’on aime bien courir, il faut maintenant qu’on s’améliore défensivement, comme on l’a fait sur nos deux derniers matchs. Même si on a perdu à Limoges et qu’on a battu Fos de justesse, on a montré que défensivement, on pouvait tenir le coup. Faut qu’on continue à mettre l’accent sur ces points clés, à être concentrés là aussi, parce que ça fera partie de l’axe de progression qui fera qu’on se maintiendra dans le Top 8 ou non. 

On termine avec ton souhait le plus cher pour toi et l’équipe pour 2023 et surtout jusqu’à juin ?

Réellement, j’aimerais que l’équipe continue à prendre du plaisir comme on a pu le voir pendant une grande partie de la 1ere phase, parce que si on prend du plaisir, ça veut dire qu’on gagne des matchs. De toute façon, on ne peut pas en prendre, si on ne gagne pas des matchs. Donc voilà, ça voudra dire qu’on est sur la bonne route !

Merci Freddy.